La lecture interactive se déroule dans un contexte naturel d’apprentissage, où l’adulte lit un récit à l’enfant en interrompant sa lecture pour le questionner (Baron et Makdissi, 2018). L’adulte joue ainsi un rôle de médiateur et contribue au développement des processus en lecture de l’enfant (Baron et Côté, 2016). 

Découvrez l'article de Marie-Pierre Baron, professeure-chercheuse au département des sciences de l’éducation à l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)

Modalités

Pour citer cet article

Baron, M-P. (2020). La lecture interactive : questionner l’enfant pour soutenir son développement sur le plan morphosyntaxique (complexification) et de sa compréhension de la structuration des récits.  Québec : https://irc-cn.ca/outil/la-lecture-interactive-questionner-lenfant-pour-soutenir-son-developpement-sur-le-plan-morphosyntaxique-complexification-et-de-sa-comprehension-de-la-structuration-des-recits-2

À propos de l'auteure

Détentrice d’un doctorat en psychopédagogie de l’Université Laval (2017), Marie-Pierre Baron est professeure au département des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) depuis 2014.

Ses champs d’intérêt sont notamment orientés vers le développement du langage oral, les difficultés et troubles langagiers (surdité), de même que le trouble du spectre autistique.

Baron cumule les expériences professionnelles et revêt d’ailleurs le titre de directrice de la Revue hybride de l’éducation et de la Clinique Universitaire d’Orthopédagogie de l’UQAC. Elle s’implique également en menant des projets sur la formation initiale en orthopédagogie. Elle oeuvre également à titre de chercheuse associée au CTREQ.

Matériel

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La lecture interactive se déroule dans un contexte naturel d’apprentissage, où l’adulte lit un récit à l’enfant en interrompant sa lecture pour le questionner (Baron et Makdissi, 2018). L’adulte joue ainsi un rôle de médiateur et contribue au développement des processus en lecture de l’enfant (Baron et Côté, 2016). Ce faisant, il peut non seulement permettre à l’enfant de centrer son attention sur le vocabulaire (microprocessus), mais aussi, par ses questions, l’amener à faire ressortir la structure du récit et à en identifier les composantes récurrentes (macroprocessus). En outre, l’adulte guide l’enfant afin qu’il puisse lier causalement ces composantes entre elles en procédant par inférences (processus d’intégration), et ce, sans le faire pour lui. Cette discussion et ces questions sur le récit lu permettent à l’enfant d’en faire sa propre interprétation.

Questionner l’enfant pour faciliter sa compréhension

La littérature répertorie deux grands types de questions (figure 1) que l’adulte peut poser à l’enfant en cours de lecture interactive :

  1. Les questions fermées, auxquelles l’enfant peut répondre en peu de mots et qui ciblent ce qui vient tout juste d’être lu (Milburn et al., 2014). Ces questions engagent l’enfant dans la lecture et permettent d’attirer son attention sur un élément du récit. L’adulte a la possibilité de poser des questions fermées auxquelles l’enfant peut répondre par oui ou par non, ainsi que des questions fermées rétrospectives (Baron, 2017 ; Baron et Makdissi, 2018), qui ciblent un élément ou un événement qui vient de se produire dans le récit.
  2. Les questions ouvertes, auxquelles l’enfant peut répondre de façon non préméditée et grâce auxquelles il a la possibilité de s’expliquer (Milburn et al., 2014 ; Neslihan Bay et Hartman, 2015). Ces questions favorisent la réflexion et l’expression de relations causales entre les composantes récurrentes du récit. Les questions ouvertes de type rétrospectif amènent l’enfant à lier ce qui se passe à tel moment dans le récit avec un événement qui s’est passé auparavant dans le même récit (Baron, 2017 ; Baron et Makdissi, 2018). Les questions ouvertes de type prospectif, quant à elles, permettent à l’enfant de faire des prédictions sur la suite du récit en fonction de ce qu’il connaît de l’histoire (Baron, 2017 ; Baron et Makdissi, 2018).

Figure 1 : Types de questions

Questionner l’enfant pour faciliter la complexification de la morphosyntaxe

En questionnant l’enfant sur la macrostructure d’un récit, l’adulte intervient aussi sur la microstructure puisqu’il amène l’enfant à s’intéresser à un niveau langagier plus proche de celui du livre (Baron, Makdissi et Boisclair, 2011). De plus, la structure des phrases d’un récit présente un modèle langagier plus complexe que celui du langage courant. Cela favorise notamment l’extension de phrases simples et l’utilisation de phrases complexes, donc des phrases ayant plus d’un verbe conjugué. Si l’enfant dit une phrase simple (ex. : « Il est triste. »), et que l’adulte lui demande « Pourquoi ? », l’enfant lui répondra sans doute par une phrase complexe (ex. : « Il est triste parce que son ami est parti. »).

Les questions posées par l’adulte en cours de lecture interactive favorisent aussi cette complexification langagière chez l’enfant. Par exemple, quand l’adulte lui pose une question ouverte rétrospective (ex. : « Qu’est-ce qu’il veut ? »), non seulement il vise une composante récurrente du récit (le but), mais aussi il stimule la production de phrases complexes et l’expression de relations causales intercomposantes, voire transcomposantes. En effet, pour répondre à la question, l’enfant doit établir un lien causal entre au moins deux composantes récurrentes et produire une phrase complexe (ex. : « Il veut X parce que Y. »).

À la manière d’un engrenage, plus le discours d’un enfant qui dialogue avec l’adulte à propos des livres se complexifiera, plus cet enfant sera à même d’établir les relations causales nécessaires à la compréhension des récits. L’intervention et le soutien de l’adulte ont donc une influence considérable sur le développement de l’oral et de l’écrit, plus précisément la structuration du discours narratif et la complexification de la morphosyntaxe.

 

Des pistes pour aller plus loin

Infographies

Lecture interactive, processus de lecture et relations causales

Le questionnement lors de la lecture interactive

Articles

Ressource

Lecture interactive, développement de la théorie de l'esprit, morphosyntaxe, adaptation scolaire

Références bibliographiques

Baron, M.-P. (2017). La lecture interactive : un contexte favorisant le développement du discours narratif et de la théorie de l’esprit chez une enfant autiste [thèse de doctorat, Université Laval]. https://corpus.ulaval.ca/jspui/bitstream/20.500.11794/28017/1/33187.pdf

Baron, M.-P. et Côté, L. (2016). La lecture interactive : questionner l’élève pour mobiliser les processus en lecture. Vivre le primaire, 29(4), 11-13.

Baron, M.-P. et Makdissi, H. (2018). L’intervention en lecture interactive pour favoriser le développement du discours narratif : exemple d’intervention auprès d’une enfant concernée par le TSA. La nouvelle revue. Éducation et sociétés inclusives, (83-84), 131-149.

Baron, M.-P., Makdissi, H. et Boisclair, A. (2011). Développement discursif de l’enfant sourd : récit et morphosyntaxe. Éducation et Francophonie, 39(1), 26-53.

Milburn, T. F., Girolametto, L., Weitzman, E. et Greenberg, J. (2014). Enhancing preschool educators’ ability to facilitate conversations during shared book reading. Journal of early childhood literacy, 14(1), 105-140. doi : 10.1177/1468798413478261

Neslihan Bay, D. et Hartman, D. K. (2015). Teachers asking questions in preschool. International journal of humanities and social science, 5(7-1), 60-76. http://www.ijhssnet.com/journals/Vol_5_No_7_1_July_2015/7.pdf