L’adulte sait généralement que le système d’écriture permet de représenter la structure sonore des mots. Cela lui paraît évident. Et sa plus grande préoccupation concerne souvent le respect des normes orthographiques.

Toutefois, pour l’enfant qui commence son apprentissage de la lecture et de l’écriture, il en va tout autrement. Pour lui, comprendre qu’on doit représenter par des signes précis d’écriture « ce qu’on entend », ou que les mots peuvent être découpés en phonèmes (la plus petite unité sonore), peut prendre beaucoup de temps.

Le présent outil sert à comprendre non seulement la complexité de cet apprentissage, mais aussi l’importance, pour l’enfant, de s’exercer à écrire aussi souvent que possible, et ce, même avant même d’avoir appris à lire.

Modalités

Fréquence ou durée : S.O.

Nombre de participants : S.O.

Matériel

S.O.

Déroulement

Lorsqu’on demande à un enfant qui n’a pas encore fait son entrée à l’école primaire d’écrire un mot « comme il le pense », on peut observer ce qu’il comprend du système d’écriture alphabétique. Emilia Ferreiro, une chercheuse d’origine argentine, a analysé de nombreux écrits et proposé un modèle qui permet de les analyser et de comprendre la réflexion de l’enfant.

Analyser et soutenir le développement des essais d’écriture des jeunes enfants  

Le modèle de Ferreiro permet de saisir ce que l’enfant comprend du système d’écriture utilisé en français, de son fonctionnement. Ses recherches lui ont permis de dégager trois catégories d’hypothèses émises par les enfants :

1. La catégorie des hypothèses « présyllabiques » 

Cette catégorie rassemble toutes les hypothèses qui ne sont pas fondées sur une correspondance entre l’oral et l’écrit. Certains enfants pensent que l’écriture représente la forme physique des mots et écriront un mot court pour représenter la coccinelle et un mot long pour le serpent. D’autres pensent qu’on utilise toujours les lettres qui sont dans son prénom, puisque ce sont les seules qu’il connaît. Thomas pourrait ainsi écrire « tosmah » pour écrire éléphant et « tashmo » pour coccinelle. Enfin, certains enfants pensent que pour écrire il suffit de dessiner de « petites vagues » ou une suite de lettres jusqu’à remplir tout l’espace disponible.

Pour cheminer dans leur apprentissage de l’écrit, ces enfants devront comprendre que l’écrit représente « ce qu’on entend ». Ils finiront par comprendre cela en ayant de nombreuses occasions d’écrire et de mettre leur hypothèse à l’épreuve. Ils finiront par se rendre compte que leurs façons d’écrire ne permettent pas de différencier ou de représenter certains mots ou encore qu’ils ne se souviennent plus de ce qu’ils ont écrit il y a quelques jours. Par ailleurs, ils apprendront en observant les adultes écrire. Surtout si ces derniers prononcent à voix haute les mots qu’ils écrivent.

2. La catégorie des hypothèses syllabiques

Cette catégorie rassemble toutes les hypothèses qui sont fondées sur une correspondance entre l’oral et l’écrit sans toutefois représenter les phonèmes. Lorsqu’ils comprendront qu’il faut représenter la structure sonore des mots, de nombreux enfants commenceront par représenter les syllabes. Ainsi, pour écrire le mot « cacao » ils pourraient écrire « AAO », indiquant une lettre pour chacune des trois syllabes du mot.

Pour cheminer dans leur apprentissage de l’écrit, ces enfants devront comprendre qu’il existe une unité plus petite que la syllabe qu’on appelle le phonème. Ainsi, si le mot « éléphant » est composé de trois syllabes (É – LÉ – PHANT), il est composé de cinq phonèmes qu’il faut représenter par écrit (É – L – É – PH – ANT). Pour comprendre cela, l’enfant aura besoin d’écrire souvent pour comprendre les limites de son hypothèse syllabique. S’il écrit souvent, il finira par se demander pourquoi, lorsqu’il écrit AAO pour représenter « cacao » il écrit A pour représenter la syllabe initiale plutôt que C ou K, puisqu’il entend également ce son.

3. La catégorie des hypothèses alphabétiques 

Cette catégorie comprend les hypothèses des enfants qui ont compris qu’en français, on représente les phonèmes. Toutefois, identifier tous les phonèmes d’un mot n’est pas une chose aisée. L’enfant aura besoin de beaucoup d’entraînement avant d’être capable d’identifier, dans l’ordre, tous les sons qui composent un mot. Ainsi, au début, il est possible qu’il « oublie » certains sons ou qu’il en inverse. Un enfant pourrait ainsi écrire « TABOL » pour « tableau » car pour identifier tous les phonèmes, il aura dû répéter le mot de nombreuses fois et il aura ainsi fini par entendre le phonème « O » avant le « L », plus difficile à isoler.

Pour cheminer dans leur apprentissage de l’écrit, ces enfants devront avoir de très nombreuses occasions d’écrire. C’est en s’entraînant souvent à écouter tous les phonèmes d’un mot qu’ils seront finalement capables de les identifier et de les isoler aisément.

L’importance d’écrire avant d’apprendre à lire 

La meilleure façon de comprendre le fonctionnement du principe alphabétique, notre système d’écriture, c’est donc d’écrire souvent. Notons qu’une telle compréhension est indispensable à l’apprentissage du décodage en lecture. Cela amène à remettre en question l’habitude qu’on a d’apprendre aux enfants à lire avant d’apprendre à écrire. C’est ainsi que de plus en plus de chercheurs recommandent d’offrir aux enfants des occasions d’écrire avant même de leur apprendre à lire.

Et si l’on modifiait nos habitudes d’enseignement?